Enluminure

 



C’est l’art d’illuminer, d’illustrer un texte.

L’enluminure traverse les siècles, depuis le Haut Moyen Age (Ve siècle) jusqu’à l’imprimerie et aux premiers incunables (premiers livres imprimés du XVe siècle).
A chaque époque, à chaque région, son style, ses particularismes, son langage :


Les lettrines

Les lettrines (ou initiales) marquent les divisions du texte. Elles sont hiérarchisées. Elles rivalisent de créativité. Certaines sont stéréotypées avec des feuilles de vignes trilobées rouges et bleues sur fond or, d'autres sont le fruit d'une créativité impressionnante.

D'après une lettrine S du XIIe
Or posé sur assiette de gesso


D'après une initiale M du XIIe
Or posé sur assiette de gesso

D'après une initiale A d'une Bible de Souabe du XIIIe
(Livre du prophète Daniel)
Or posé sur assiette de gesso

D'après une lettrine filigranée du XIVe siècle



Les miniatures

Les miniatures illustrent et donnent sens à une partie du texte. On peut les trouver à l'intérieur d'une lettrine, mais surtout sur une partie de la page, voire en pleine page. Elles éblouissent par leurs couleurs et leurs détails. Dans cet art pictural très codifié s’exprime tout le symbolisme des scènes, des attributs, des couleurs…

D'après le Livre d'Heures de la Famille Berbisey
Manuscrit Bourguignon du XVe siècle
Or posé à plat sur gomme ammoniaque



Les ornementations

Les ornementations, bordures, frises, agrémentent les marges de rinceaux floraux, qui accueillent une petite faune ou des grotesques, petits personnages sortis tout droit de l’imaginaire médiéval. C’est l’espace de liberté des enlumineurs.




Les pigments

Les artistes utilisent ce que leur offre la nature pour composer leurs couleurs à partir de pigments issus du monde végétal, minéral, animal.
Avec un liant à base de blanc d’œuf additionné de gomme arabique, eau de miel... Les artistes écrasent ces poudres sur une plaque de porphyre ou de marbre avec une molette jusqu'à obtenir une granulométrie plus ou moins fine. C’est la peinture à tempera.




L'or

Battre l'or pour l'appliquer sur le support de parchemin donnait davantage de lumière et de valeur à un manuscrit.

L'or posé à plat (haut Moyen Age)
On appliquait généralement sur le parchemin une couche d'extrait de gomme ammoniaque, ou même de jus d'ail pour faire coller la feuille d'or.

L'or posé en relief
Plus on avance dans la période gothique (XIIIe, XIVe, XVe), plus les manuscrits se couvrent d'or en relief. Le luxe est à la portée des seigneurs commanditaires de ces manuscrits : noblesse de robe, noblesse d'épée, bourgeoisie.

Pour ce faire, il faut confectionner un plâtre : le gesso, à base de bol d'Arménie (une terre), de colle de poisson, de blanc de Meudon (plâtre), d'eau de miel, de blanc de plomb ou céruse.
Poncé, ce plâtre reçoit la feuille d'or qui se brunit ensuite avec une pierre polie afin de donner tout son éclat.

Les artistes du Moyen Age ne cherchent pas à créer des images fidèles et esthétiques. Ils recherchent avant tout à transmettre l’esprit de l’histoire sainte, à communiquer.
Néanmoins, ces miniatures et autres lettrines enluminées sont de véritables œuvres d’art. Leur précision nous livre encore aujourd’hui d’innombrables messages sur les modes de pensée médiévale et les manières de vivre.

Au cours de la période gothique (XIIe-XVe), les techniques picturales évoluent et les enluminures s'assimilent à la peinture sur chevalet qui prendra le relais. L'imprimerie sonnera progressivement le glas de cet art minutieux.


L’enluminure est témoignage de l’esprit médiéval.